Et si les murs pouvaient parler ? Appel à participation au projet
C’est avec un immense plaisir que je vous présente ici le projet de Yazied et Maya, deux jeunes praticiens narratifs que j’ai eu le bonheur d’accompagner avec leur groupe Les Mots Bleus. Je vous laisse découvrir leur initiative qui s’inspire d’une tradition narrative que Pierre Blanc-Sahnoun avait déjà exploré dans les questions au témoin internalisé.
La touche Yazied et Maya c’est de faire ici le lien avec le cycle de vie des objets et leurs impacts sur l’environnement.
Bonne lecture !
Jeanne
En guise d’introduction
Maya et Yazied ont suivi la formation initiale aux pratiques narratives de septembre 2022 à avril 2023 avec Jeanne Prevosteau au sein du groupe “Les Mots Bleus”. Afin de poursuivre la joyeuse dynamique de déconstruction amorcée lors de cette formation ainsi que le tissage de liens au sein de la communauté narrative, tous deux souhaitent désormais impulser ce projet né d’une idée originale de Yazied. Grâce au soutien de la Fabrique Narrative et à l’enthousiasme sans faille des cinq autres praticien.ne.s du groupe Les Mots Bleus, le présent appel vise à étoffer le panel de participant.e.s au projet et pourra intéresser tout.e praticien.ne souhaitant donner une dimension écologique à sa pratique.
Un projet narratif au service de la transition écologique
Au printemps, il nous arrive souvent de faire du tri, de ranger, classer, dépoussiérer et même de jeter. Et là, à l’instant où l’on souhaite se séparer d’objets qui semblent avoir perdu leur utilité, qui traînent dans les coins, que plus personne ne voit, il peut se passer tout autre chose. En se débarrassant d’un meuble familial qui a survécu plusieurs générations, en se mettant à écouter l'eau en ébullition et le vrombissement de la vielle bouilloire électrique, en observant le fond noir de l'écran de télévision… il arrive qu’on se souvienne des moments passés avec nos proches en présence de ces objets, puis de se rendre compte que ces objets sont devenus de véritables témoins matériels de nos relations les plus intimes, les plus familières et les plus soutenantes. De la table à manger qui nous sert de support pour nos repas à la bibliothèque qui porte une partie de nos savoirs, en passant par les murs qui nous entourent et soutiennent nos toits, passons-nous suffisamment de temps à prendre conscience de leur existence et de leur place dans nos vies ?
En même temps, le printemps est perçu par beaucoup comme le moment où la Nature reprend ses droits, le moment où il faut profiter du beau temps pour être dehors. Que se passe-t-il si nous remettons en question l’idée de “profiter” des êtres vivants qui nous entourent ? Comme nous encourage Baptiste Morizot à le faire dans son texte “La crise écologique comme crise de la sensibilité”, cela impliquerait de les considérer autrement qu’un décor, une réserve de ressources à disposition pour la production, un lieu de ressourcement ou un support de projections émotionnelle et symbolique.
Et si nous les écoutions ? La nature pousserait-elle un cri d’alarme ? De désespoir ? Peut-être nous aiderait-elle à poser le temps. Peut-être nous proposerait-elle de ralentir, de suivre un rythme qui n’est plus le nôtre, devenu effréné par le tourbillon de la vie. Ce chêne pluricentenaire, ce lamantin du Parc Zoologique de Vincennes, cet arbuste du coin de la rue, ce saumon sauvage, ces abeilles de Chine… qu’ont-ils à nous raconter sur leurs vies, sur l’histoire de leurs ancêtres, sur leurs difficultés à trouver leurs places dans le monde actuel ?
Appel à volontaires
Nous proposons aux praticien.ne.s narratif.ve.s francophones qui le souhaitent de se glisser dans la peau d’un objet ou d’un être vivant le temps d’une conversation.
Puis nous leur offrirons une documentation qui aura pour intention de reconnaître leur utilité, leur service et tout simplement leur présence. Lors de l’incarnation d’un objet, il ne s’agira pas de glorifier le matérialisme, bien au contraire, mais seulement de prendre conscience de ce que l’on possède déjà afin de déjouer l’envie et de conscientiser le besoin qui forgent notre rapport à la consommation.
Des convictions et des intentions fortes nous guident dans cette aventure : - Cultiver notre rapport affectif aux choses qui nous entourent peut agir en faveur de l’éveil ou du développement de notre conscience écologique, en incitant à la réparation, à la conservation, à la réutilisation, au bricolage, ou encore au don. - Donner une voix aux objets du quotidien qui sont à notre service, qui nous servent (oserions-nous dire, qui nous sont asservis ?) peut participer à la prise de conscience de la valeur énergétique et sociale de leur utilisation, car celle-ci nous place dans un rapport proche de celui de maître d’esclaves, pour reprendre la métaphore frappante utilisée par Marc Jancovici pour comparer l’énergie déployée par les machines qui nous entourent et celle utilisée par nos propres organismes.
Comment ça se passe ?
● Les conversations seront menées par Yazied ou Maya. Les participant.e.s répondront à leurs questions à la place de l’objet ou de l’être vivant qu’ils ou elles auront choisi.
● Pour rendre compte de la réalité de l'objet incarné, il est demandé au à la praticien-ne qui se prête au jeu de faire au préalable quelques recherches sur l'objet en question, sur son histoire, sur sa relation aux personnes qui l'ont possédé, mais aussi sur le cycle de vie de l’objet (matières, fabrication, recyclage, utilisation énergétique) : cela permet de donner une dimension écologique au projet.
● Une liste d'objets a été dressée et les participant.e.s sont encouragé.e.s à en choisir un seul. Si vous préférez en proposer un, veillez simplement à ce qu’il n’y ait pas de doublon.
● Il est nécessaire d'avoir 1h pour réaliser l’entretien. Il faudra donc trouver un créneau sur lequel vous pouvez vous engager sans interruption pour ce temps.
● Yazied et Maya souhaitent si possible que l’entretien soit enregistré. L'enregistrement servira principalement pour l’élaboration des documentations, mais aussi éventuellement pour la réalisation d’un montage audio d’extraits courts issus de toutes les conversations à des fins de promotion et de communication sur le projet. Cela nécessitera le recueil d’un accord de diffusion audio.
● L’ensemble des documentations fera l’objet d’un recueil au terme du projet mené. Dans ce recueil, l'ensemble des participant.e.s sera crédité dans une section “Qui a participé à ce projet” de ce recueil qui rassemblera toutes les documentations réalisées par Maya et Yazied, autrice et auteur, à partir de chacune des conversations narratives.
Si vous souhaitez participer, vous pouvez contacter :