Quand un livre s’échappe et vit sa propre vie !
Par Catherine Mengelle et Vincent Pereyre
Commentaires de Catherine
Voici un échange incroyable, de mon point de vue, que j’ai eu sur la messagerie de Linkedin avec Vincent. Vincent a utilisé le Grand Manuel pour réfléchir et avancer sur un problème qui partageait sa vie sans lui avoir demandé jusque-là ce qu’il en pensait. Je suis extrêmement émue à l’idée que mon livre a accompagné ce chemin personnel. Et j’ai oublié de lui dire que j’avais adoré comment il avait dans un premier temps renommé le problème : « angoissé pas par nature » ! Si j’avais été plus attentive, mais je ne connaissais pas Vincent, je lui aurais suggéré d’aller plus loin dans l’externalisation, en préférant « angoisse » à « angoissé ». Le nom du problème ne reflète pas l’externalisation mais dans les faits, Vincent l’a externalisé.
Il a écrit un texte décrivant le processus qu’il a vécu, pas à pas, qu’il a posté sur Linkedin sous le titre « Enfin guéri par la narrative ». Je vous engage à le lire ici.
Je lui ai demandé, sur une impulsion, si je pouvais publier nos échanges et il m’a donné son accord. Je n’ai pas les idées très claires des raisons de cette impulsion. Si vous trouvez que ça n’a pas de sens… Non je crois que ça a du sens...
À la fin de ces échanges et à la lecture de son texte, j’ai une impression de grande intimité avec Vincent. Pourtant je n’ai pas été très disponible pour lui. Il s’est débrouillé seul. Avec juste mes assentiments de temps en temps. Si vous avez des questions sur certaines de mes réactions, je suis d’accord pour essayer de vous répondre. Il faut comprendre qu’il ne s’agit pas d’une conversation narrative. Vincent ne demandait rien. Je n’avais donc aucune intention particulière, ni ne prêtait plus d’attention que cela à ses messages au début. Les sollicitations sont si nombreuses. Mais il a vite réussi à m’intriguer !. Il a vraiment bossé seul !
Je lui ai promis par contre de poursuivre le processus avec des témoignages à la façon narrative des témoins extérieurs. Je sollicite donc tous ceux et celles de la communauté narrative qui accepteraient de résonner brièvement sur son texte (lien ci-dessus) et sur nos échanges, à travers ces questions classiques :
Qu’en retenez-vous qui vous semble montrer ce à quoi Vincent accorde de la valeur dans la vie ?
Quelle image est-ce que cela vous donne de lui, en termes de compétences de vie, talents, espoirs, principes de vie, intentions pour sa vie et celle de ses proches ?
Comment est-ce que ces idées résonnent dans votre propre vie ?
Où est-ce que son travail et cet échange vous amènent ? Qu’en retirez-vous pour votre propre vie ou votre travail d’accompagnant.e narratif.ve ?
Je vous remercie par avance de vos réponses, que je vous demande de m’adresser (catherinemengelle@yahoo.fr). Je les lui lirai et les lui transmettrai. J’ai son 06 maintenant !
Retranscription de nos échanges, copiés-collés tels quels de la messagerie de Linkedin
V : Bonjour Catherine, je viens d'acheter votre livre. Je suis à la deuxième partie. J'applique le "processus" pour moi-même au fur et à mesure. J'ai nommé le problème "angoissé par nature". Passionnant.
C : Oh non... certainement pas par nature. La nature n'est pas angoissante. Ce qui est angoissant, c'est ce que le monde des humains nous fait vivre. Certains d'entre nous trouvent cela plus angoissant que d'autres, question de système de perception sans doute. Une question pour vous : en vertu de quoi qui pourrait être précieux pour vous trouvez-vous mon livre “passionnant” ? Au plaisir de vous lire,
Quand je fais ce commentaire sur la nature, je ne savais pas à quel point je tombais juste. Je n’avais pas regardé le profil de Vincent. Jolie intuition… Là, je m’autocongratule, non ?!
C : Une autre question : y aurait-il des moments, des lieux particuliers, de votre vie qui échappent aux angoisses, même si ce n'est pas souvent ? Ou bien des personnes avec qui vous avez l'impression de parvenir à tenir les angoisses à distance ? Ont-elles toujours fait partie de votre vie ? Mais de quoi je m'occupe... Vous ne m'avez rien demandé. Ne vous sentez surtout pas obligé de répondre !
V : Merci pour vos questions. Alors peut être une information sur Angoissé par nature, cela fait référence au monde de la permaculture et un site qui s'appelait "Abundant by nature". Donc c'était un petit clin d'oeil à cette histoire que j'ai eue à ce moment là. Je suis d'accord pour trouver un autre nom au problème.
V : Je trouve votre livre passionnant car j'ai pu me jeter dedans avec la première partie qui m'a je l'espère éclairé sur l'état d'esprit. Et puis je suis arrivé à la deuxième partie "Action" et je suis alors passé à l'action en utilisant les 4 étapes du processus, en créant un mindmap avec les différentes questions, les amis, les ennemis, les alliés... Et j'ai cru voir comment agit le problème. J'ai l'impression d'être un peu dans quelque chose de familier. Si vous êtes inspirée par l'australien M. White, je suis aussi inspiré par un anglo-saxon du Zimbabwe Allan Savory qui fonctionne de façon similaire.
V : Oui, bien sûr je ne suis pas angoissé en permanence, ce sont plutôt des vagues qui me ramènent sur le rivage. Et quand je suis ainsi sur le rivage, c'est là que je "déguste", ce sont alors des épisodes très douloureux où "angoissé pas par nature" est au sommet de sa gloire et de son art. Ma compagne est une personne ressource, mon expérience aussi de "angoissé pas par nature" m'aide aussi à moins "déguster" ou moins longtemps.
Depuis l'âge de 25 ans, j'ai été confronté à ses vagues et à cet échouage sur le rivage. Avant je pensais avec d'autres que c'était de la dépression. Je pense aujourd'hui que c'est plus de l'épuisement : Genre Stress, angoisse => Epuisement => Donne l'impression d'une dépression.
Mais pourquoi n’ai-je pas réagi sur ces vagues ?
C : Ah, merci beaucoup pour cette référence. Je ne connaissais pas Allan Savory. Ce pâturage raisonné me renvoie des souvenirs des Pyrénées où j'ai grandi en partie, quand Pierre le berger traversait le village et montait les moutons à la bergerie au-dessus de notre maison... Il y a vraiment de quoi être profondément angoissé face à la croissance exponentielle du déraisonné...
V : Ce qui m'amuserait maintenant c'est de finir mon travail à partir de votre livre, et de vous l'envoyer. Ce serait pour moi l'occasion de vivre à fond ce processus. Et peut être pour vous d'avoir un retour sur comment peut se débrouiller une personne seule débutante en narrative avec les informations, explications, sources, indications, questions... que vous donnez dans le livre.
C : S'est-il passé quelque chose à vos 25 ans, une prise de conscience, une lecture, un film, une rencontre, quelque chose qui aurait amené du vent et des vagues ? Ou bien est-ce que cela correspond avec l'entrée dans le monde du travail ? Ou bien autre chose…
C : Ah, nos messages se croisent. Avec grand plaisir de recevoir vos réflexions. Ce sera très instructif pour moi. Figurez-vous que je travaille actuellement à une 2ème édition !
V : Je pense que cela a commencé plus tôt et que c'était surtout lié à mes études, ou même ma scolarité, disons dyslexie et scolarité dans une famille où mon père pensait que sans grande école point de salut.
V : Parfait, je continue donc, Je mets au propre et je vous transmets.
V : Bonjour Catherine. Je viens d'attaquer le dernier chapitre de votre livre et donc je comprends maintenant votre : "Il y a vraiment de quoi être profondément angoissé face à la croissance exponentielle du déraisonné…" Contexte élargi donc, et je pense que vous avez mis dans le mille.
V : D'autre part, je me sens assez à l'aise avec cette idée de contexte. Bon je n'ai rien dit quand vous m'avez annoncé A. Savory <=> Pâturage raisonné, en fait, c'est plutôt une invitation à penser en terme de risque, de danger, de piège, de problème à résoudre à penser en terme de stratège régénératif (l'expression est de moi). C'est pourquoi je me suis senti très à l'aise avec cette idée de décortiquer le problème je pense. D'autre part il y a chez A. Savory l'idée de définir un contexte holistique permettant d'orienter mes décisions vis à vis de la fertilité des terres, mais aussi des générations futures, ce que je transmets ou laisse après moi, et de qualité de vie. Ils sont donc assez fascinants ces gars du "Down under".
V : Bonjour Catherine, j'ai rassemblé les agissements du problème sur des fiches, voici la première .
V : Voilà les effets maintenant. Bonne soirée.
3 fiches sont jointes aux 2 messages qui précèdent, où il cartographie sur des mindmaps les agissements et les effets du problème dans sa vie.
Voir dans l’article qu’il a publié sur Linkedin : ici.
C : Je suis beaucoup plus occupée cette semaine que la semaine dernière, je ne vais pas réagir aussi vite mais je vous promets de le faire :)
V : Bonjour Catherine. Je pense pouvoir dire que j'ai eu le déclic. C'est un peu frais, j'ai tout noté, bonne journée.
C : Ah, je suis curieuse...
V : Bonjour Catherine. Voici la première partie de mes notes :
Dimanche 19/01/2025
Ce matin, l'histoire ou le programme officiel (angoissé épuisé) est venu au rendez-vous comme chaque jour, me cueillir au réveil, et c'est aujourd'hui que j'ai pris conscience de sa venue, et du déroulé du scénario identique à la veille. Et oui, pourquoi ne pas être angoissé ce matin comme chaque matin ? Cette vieille habitude dont je ne m'étais pas rendu compte, depuis tant d'années. C'est comme si tous les matins je buvais le café avec le programme officiel, et chaque matin il me raconte la même chose, et je ne m'en lasse pas, j'y adhère complètement sans révolte, sans saute d'humeur. "Allez on y retourne".
Et là c'est le déclic, est ce que je suis obligé d'écouter une fois encore le programme officiel, est ce que je suis obligé d'y adhérer totalement ?
Et bien non, c'est comme si ce programme tout d'un coup m'avait lassé. "Tu me racontes toujours la même histoire, et ce matin, je ne vais pas t'écouter, ce matin je vais essayer d'inventer autre chose, ce matin, je vais essayer de rejoindre mes aspirations, mes valeurs." C'est ce que j'ai fait. Et ça a marché. Devenir ou être auteur, ce que dit Benjamin Sylvand dans le conflit, ce que dit Michael White d'une certaine façon aussi. Quel soulagement !
C : Wow, j'ai des frissons en vous lisant, et aussi un sentiment de joie.
V : Bonjour Catherine, j'ai tenté de faire un historique de mon parcours narratif en m'appuyant sur votre livre. J'ai pas mal de notes. Voici les grandes lignes :
Mercredi 22/01/2025 Day4
Historique de mon voyage en narrative
- Une vidéo de Besse sur la narrative
- Commande du livre de Catherine Mengelle
le vendredi 3 janvier 2025
- Réception du livre de Catherine Mengelle au bookstore le mercredi 8 janvier 2025.
- Premières traces de la lecture du livre dans mon journal du miracle morning + des notes au jour le jour dans ce fichier blocnote catherinemengelle.txt le jeudi 9 janvier.
- Un historique au jour le jour dans mon journal du miracle morning, qui montre bien l'évolution, ce que je me raconte, l'action du problème sur moi....
- Déclic narratif :
Dimanche 19 janvier 2025 (anniv. Matthieu).
- Aujourd'hui, c'est le quatrième jour, je me suis amusé à l'appeler DAY 4.
C : Happy and enriching day 4 ! Qu'est-ce que le "journal du miracle morning" ?
V : Bonjour Catherine
J'ai découvert le Miracle morning dans le livre "Connaissance illimitée" de Mohamed Boclet. Le "Miracle Morning" c'est aussi un livre écrit par un coach et conférencier Hal Elrod. Et comme vous faites référence au rugby dans votre livre, je pense qu'on peut considérer le miracle morning comme un "échauffement" pour la journée. Echauffement cérébral, physique, psychologique, organisationnel, et décisionnel. Quelque chose d'assez complet. Je le pratique depuis le 16 novembre 2024.
C'est une session de 30 minutes à faire le matin. 5 min de "méditation", 5 min de "sophrologie et affirmation de soi (si vous vous rappelez du film "Une époque formidable" et la réplique de Gérard Jugnot "T'es un killer Bertier").
5 min d'organisation et de visualisation de la journée
5 min de gym
5 min de lecture
5 min d'écriture. C'est de ces 5 dernières minutes que vient mon journal du miracle morning, puisque j'écris donc tous les matins pendant 5 minutes sur ce journal.
C : Voilà un sacré échauffement ! Comment fait-on pour s'y tenir, c'est ce que je me demande... Chapeau bas !
V : Comment fait on pour s'y tenir ?
Déjà j'ai commencé le 16 novembre, j'avais tout préparé la veille, et il faut normalement se lever plus tôt. Alors que je suis généralement levé aux aurores, là impossible de me lever. Donc je me suis levé vers 9:30. J'étais content du résultat et pour l'heure, je me suis dit "Done better than perfect". Ensuite comme j'y ai trouvé beaucoup d'intérêt, j'ai continué et s'est mis en place un cercle vertueux.
V : J'ai refait le processus avec ma compagne Brigitte. Je vous enverrai le mind map. On a terminé par des questions de facilitation utilisées avec des communautés villageoises en Afrique australe en fin d'atelier de sensibilisation écologique. Nous étions super contents tous les deux.
V : Bonsoir Catherine, ma compagne Brigitte a attaqué votre livre aujourd'hui. Ambiance très studieuse !
C : 👍
V : Bonjour Catherine, je me suis lancé dans un article, enfin disons mon "histoire" à travers la lecture de votre livre et du processus narratif que j'ai pu suivre, et les changements de perspectives que cela a amené dans ma vie. Je vous l'envoie dès que c'est terminé.
C : Oui, merci beaucoup Vincent !
V : Bonjour Catherine, je viens de revoir un passage de votre livre en bas de la page 98 : "Esther ne manque pas de volonté par nature" : Je comprends d'autant plus maintenant pourquoi "angoissé par nature" ne vous avait pas complètement emballée quand je vous l'avais proposé.
V : Bonjour Catherine, j'ai commencé à faire des cartes pédagogiques sur la narrative, comme je le fais pour l'agriculture régénérative. Voici la première que j'ai partagée avec des amis :
C : 👍Oh je suis nulle avec les petites images... Ce que je veux dire, c'est que j'adore ce que tu fais ! Heu... ce que vous faites.... on ne se tutoie pas...
V : Not yet !
V: Bonjour Catherine, ça y est j'ai publié sur Linkedin l'article que je t'avais proposé sur ma guérison (n'ayons pas peur des mots) narrative en m'appuyant sur ton livre: https://www.linkedin.com/pulse/enfin-gu%C3%A9ri-par-la-narrative-vincent-pereyre-d5zpf/?trackingId=RQBYuhsb%2BV3vDpsS%2BFqPMQ%3D%3D
C : Vincent, je suis profondément touchée. M'autoriserais-tu à diffuser ce texte à la fois sur le blog de la Fabrique Narrative et sur ma page Linkedin ? J'aimerais maintenant, si tu étais d'accord et seulement dans ce cas, solliciter des praticiens et praticiennes narratives et leur poser des questions pour savoir ce qu'ils en retiennent, quelle image cela leur donne de toi et comment ça résonne dans leur propre vie (les questions du témoin extérieur, voir encore mon livre). Ce pourrait être pour toi de jolies surprises supplémentaires. Et ton texte serait un immense cadeau pour notre blog.
C : Autre chose : "n'importe quelle personne" ne peut pas faire seule le chemin que vous avez fait. Vous êtes vraiment une drôle de personne, extrêmement touchante. Je suis amusée par la façon que vous avez eue de vous y prendre, comme si vous trouviez cela amusant vous aussi, en dépit de la souffrance de la dépression. Votre texte est très précieux pour moi. Il donne beaucoup de sens à mon travail, à ma peine. Il me réjouit et me fait sourire avec beaucoup de douceur. Merci infiniment.
C : Décidément, je me rends compte que j'hésite entre tutoiement et vouvoiement... C'est amusant ça aussi !
V : Catherine, je répondrais oui, oui, oui, pour dire que je suis d'accord avec toutes propositions. J'attends avec impatience surtout si il y a des surprises.
V : Vous avez réussi à me faire voir la lumière, alors moi aussi je vous remercie infiniment. Bon, pour le tutoiement, on ajustera au téléphone.
C : Puis-je aussi publier nos échanges Vincent ? Tels quels je veux dire.
C : Voici ce que cela pourrait donner (fichier joint) si vous me le permettez, et uniquement si vous me le permettez. Je pense vraiment que votre travail est une contribution très intéressante à notre communauté d'accompagnants narratifs. Si vous avez l'impression que je vous entraîne sur des territoires qui ne vous plaisent pas, dites-moi NON, bien sûr. Je me contenterais de publier votre propre texte, comme vous me l'avez autorisé. Cette expérience est assez incroyable pour moi. Elle challenge également de nombreuses injonctions liées au coaching et à la thérapie, et en cela, elle me plait beaucoup.
V : Oui tout à fait. Je suis partant, découvrir ces nouveaux territoires m'intéresse beaucoup. C'est pour moi une chance.
V : Bonjour Catherine, Ce que j'ai pu mettre en mots ce matin par rapport à ma capacité nouvelle à réécrire une histoire "alternative" rapidement à partir d'une histoire officielle qui arrive dans ma tête :