Journée de reliance narrative à Lausanne

Une semaine particulièrement riche dans et pour notre communauté narrative vient de s’achever. Pour cette deuxième escale, Rime nous partage une carte postale de Lausanne où se déroulait la journée de reliance narrative le 21 juin 2024 à l’initiative d’un collectif plein de malice, d’audace et représentatif d’une approche éthique, politique et militante des pratiques narratives. De quoi tomber raide dingue d’amour devant autant de reliance. Merci Rime pour ton précieux témoignage !

Alexandre


Pré en bulle 

Tout ce qui suit est teinté de mon cadre de référence et de subjectivité. Rien n’est réel, tout n’est que le fruit de mon vécu et de la perception de ma réalité.

Rime

 Quelques mois au paravent ...

Rien ne m’aurait laissé imaginer que j’irai un jour à Lausanne, ni que je participerai à  la journée de reliance narrative. J’avais pris mon ticket d’entrée pour les JNF de Nantes, réservé mon billet de train, l’hébergement et même planifié ma journée de dimanche sur place. Quand Organisation s’en mêle, elle ne fait pas les choses à moitié. Sauf que le destin en a décidé autrement une mystérieuse fin d’après-midi du 27 mars 2024.

Attablée au comptoir d’un bar, accompagnée par un espresso, j’ouvre mon application LinkedIn (ce qui doit m’arriver à peu près tous les trois mois) et tombe sur le manifeste narratif co-écrit par un collectif de Suisse, dont la plupart des membres co-rédacteur·ices me sont inconnu·es. Je tombe raide dingue immédiatement de son contenu, irrémédiablement et sans rémission. La date du 21 juin me saute alors aux yeux. Loyauté et  Engagement autour des JNF ont fait leur apparition, suivies de Dissidence et Fronde anti capitaliste, accompagnées d’un soupçon de frisson et d’une pincée de tourment. Rien n'y fait. L’amour est un oiseau moqueur que nul ne peut apprivoiser...

Ma décision est prise, c’est Lausanne qui remporte le match de la coupe. J’y arrive jeudi 20 juin en fin de journée. Le cœur qui bat plus vite qu’à l’accoutumée. Une excitation que je ne saurai qualifier, teintée d’une appréhension – je ne connais quasiment personne de la communauté suisse – et d’une exaltation à l’idée de parler de sujets qui comptent plus que tout pour moi dans un contexte national et international assombri par des nuages bas, menaçants et profondément effrayants. A l’image des prédictions météo du week-end...

La veille du fameux jour

Foulant le pied de la terre lausannoise, je perçois la vibration de la ville. Si léchée, si policée, un mélange d’exigence et d’élitisme dont les suisses ont le savoir-faire. Je me surprends à me faire recruter très rapidement par les codes suisses implicites et dominants, n’osant traverser la rue hors des passages piétons et attendant patiemment l’apparition du petit bonhomme vert. La rapidité de la contamination m’effraie. Je me dis que le contexte socio-culturel suisse ne saurait être mis à distance dans le cadre de cette journée et le prendre en compte me permet d’émettre des hypothèses sur la nécessité d’un tel manifeste narratif éthique et politique comme antidote à la conformité ambiante et pesante et ce, depuis mon regard français non décentré.

 

Ah ben quand même, on y arrive  - 21 juin 2024

Une journée sous le solstice d’été et la fête internationale de la musique entre autres...

Notre journée à lieu à l’université de Lausanne, en pleine période d’examen. Les bâtiments sont flambants neufs, tout de béton et d’acier revêtus. La place au vivant semble stérilisé, aseptisé à l’image des couloirs rutilants et des lumières des néons. 

Une brèche s’y invite dans une salle du deuxième étage. Une cinquantaine de praticien·nes narratifs s’y sont donnés rendez-vous, pour la plupart venant de Suisse avec une petite frange de l’autre côté de la frontière, près de Lyon et Dijon. Une bonne partie des personnes sont en présentiel et un format hybride est proposé avec une dizaine de participant·e·s en ligne. Tou·tes guidé·es par l’appel du manifeste et l’envie de se relier, de faire communauté.

Un collectif a donné vie à cette journée mais le ton est donné et nous est partagé : « nous initions cette journée dans un désir de célébrer et revendiquer l’esprit, l’éthique et les pratiques politiques de la narrative mais il est également venu le temps de la co-construction. Comme le souligne K. Gergen, au commencement, sont les relations. » Le manifeste est décrit comme un document inachevé, incomplet et probablement incrusté par des biais. Il est appelé à être modelé par l’empreinte que chacun·e voudra bien y insuffler.

Un dicton de Pancho ARGUELLES (éducateur populaire – 2007) me revient en tête : « Si on ne commence par personnel, on ne commence pas. Mais si on finit personnel, alors c’est fini. »

Le démarrage de la journée se fait par un café conversationnel – avec un café qui tarde à arriver mais un petit déjeuner bien apprêté, revêtant toutes les formes de la décadence d’un buffet scandaleusement étalé et les langues arrivent facilement à se délier.

Nous sommes invité·es à initier un échange autour d’une question : « Comment es-tu tombé·e en amour de la narrative ? ». J’aime cette formulation, si douce à l’oreille et au cœur. Le fil rouge de la journée est là, en filigrane, partout présent, dans les rires, les regards, les respirations, les chansons, les discussions...

Le collectif organisateur de cette journée et signataire du manifeste, composé de Charlie Crettenand, Jacqueline Sigg, Nath Weber, Joanne Chassot, Sabrina Tacchini, Kate Lindley, Jeanne Durussel et Sébastien Ebener se prêtent à la question en se présentant, révélant ainsi une identité préférée parmi d’autres, choisissant les histoires qui la soutiennent et la portent.  3 mn 30 chacun·e, nous sommes en Suisse, rappelons-le – au son de la Kalimba – avec pour mantra : “A l’issue du temps imparti, la note sonnera et cela voudra dire basta”

L’intention de cette journée se caractérise par une dignité de résistance qui se nourrit d’espoirs que de nombreux mondes puissent co-exister, emplie de la responsabilité de maintenir un esprit critique et décolonial, développée par des contre histoires émergentes face aux structures d’oppression.

Cette journée du 21 juin 2024 s’inscrit également plus largement dans le mois des fiertés LGBTQ+, commémorant les émeutes de 1969, mais également au lendemain de la journée mondiale des réfugiés et quelques semaines après une grève nationale Suisse des féministes...

 “La lutte commence en un lieu et ne s’arrête pas”.

Le ton est donné, teinté de la couleur de l’indignation et des résistances aux systèmes d’oppression. Un frisson me parcourt lors du partage de Jacqueline Sigg qui nous relaie la voix d’une femme noire qu’elle a accompagnée : « ma peau raconte des histoires avant même que ma bouche ne puisse le faire. » ainsi que la citation d’Audrey Lore : « Je ne suis pas libre tant qu’une femme ne l’est pas, même si ses chaînes sont différentes des miennes. » S’il me restait une infime parcelle de questionnement sur ma place à cette journée de reliance narrative, elle aura disparu en fumée, transformée en une étincelle lumineuse et vibrante d’humanité – avec en arrière fond le retentissement puissant du discours introductif : « Les pratiques narratives fournissent une éthique politique à nos conversations. Elles créent de l’espoir, soutiennent et revitalisent nos coeurs. »

L’agenda est là et donne le la : différents ateliers de discussion pour réfléchir sur certains enjeux politiques de l’approche narrative, dont voici les thèmes.

Amener du collectif dans nos accompagnements (présentiel/en ligne) Facilité par Nath Weber/Seb Ebener

La démarche de réunir des personnes qui traversent des difficultés similaires pour les faire dialoguer est une des fondations de l’approche narrative pour désisoler les personnes et désindividualiser les problèmes. Mais il n’est pas toujours facile de rassembler physiquement les gens, ce d’autant plus pour celleux d’entre nous qui travaillons (principalement) dans un setting individuel. Durant cet atelier, nous vous présenterons nos expériences, stratégies et astuces pour essayer de s’ajuster à cette réalité, puis nous discuterons pour partager vos propres tactiques et imaginer ensemble encore d’autres modalités créatives.

Accompagnement face aux violences de genre (présentiel) Facilité par Jacqueline Sigg

Dans cet atelier, nous explorerons collectivement les approches que nous offrent les pratiques narratives pour réécrire les histoires et identités des femmes qui ont été érodées par la violence de genre, en nous appuyant sur trois axes principaux :

1. La déconstruction des discours oppressifs et des structures de pouvoir à travers les prismes des féminismes, de l'approche intersectionnelle et de la justice sociale, utilisés comme outils pour contextualiser la culpabilité, la honte et l'intériorisation des effets de la violence.

2. Le renforcement du sentiment d’initiative personnelle et de l'autodétermination chez les femmes, par l'exploration et la valorisation des actes de résistance pour répondre à la violence, comme point de départ vers des histoires d'autodétermination.

3. La responsabilité des personnes accompagnant les femmes survivantes de violence, pour reconnaître et aborder leurs propres discours dominants et privilèges, dans le but d'éviter la réplication des structures et pratiques de pouvoir oppressives.

 

Du blâme des mères au rejet de la maternité : comment continuer? (présentiel/en ligne) Facilité par Kate Lindley

La décision d'avoir un·e enfant est-elle personnelle ou politique ? Depuis l'essor des livres ironiques sur le sort des mères, tels que "Serial Mother : Comment survivre avec des enfants", et la prolifération d'études académiques abordant sérieusement les enjeux de la maternité, il est clair que ce sujet revêt une importance particulière. Dans cet atelier, nous souhaitons déconstruire et explorer ensemble par les questions suivantes :

  • Qu'avons-nous appris de la maternité et de qui ?

  • Quelles valeurs sous-tendent certains discours sur la maternité ?

  • Qui n’est pas entendu·e dans l’élaboration et la prolifération de ces discours? et quelles sont les répercussions sociales de cette exclusion ? Comment continuer ?

Dans cet atelier, nous souhaitons ouvrir la discussion sur un sujet qui concerne chacun·e d'entre nous.

 

Documentation narrative collective (en ligne) Facilité par Seb Ebener

Nous avons réfléchi cette journée comme un espace de rencontre, de réflexion et de reliance. Comment concilier ces intentions avec la modalité en ligne ? Nous allons nous y pencher et créer, à partir de l’atelier que vous aurez suivi le matin, une documentation créative qui sera partagée au groupe en présentiel pour faire le lien entre les différents endroits géographiques et esquisser ce que sera la suite. Munissez-vous de vos plus beaux feutres et autre matériel que vous trouverez chez vous. Faisons de cette journée un tremplin vers l’avenir politique de l’approche narrative en francophonie, faisons résonner nos voix et nos couleurs et gardons-les vivantes grâce à la documentation !

Je me décide en hésitant, tout semble si foisonnant. J’assisterai à deux ateliers sur trois, comme dirait Jeanne : au son de la kalimba, basta.

Nous continuons par un temps d’ancrage. Bien vu, il était également bien venu face au tsunami intérieur qui démarrait.

Une fois les prises de position arrêtées, la pause bien méritée, les discussions engagées, vient l’heure du premier atelier...

 

L’accompagnement face aux violences de genre

J’apprends qu’en Suisse, à la différence de la France, peu de lois existent au niveau étatique. Les modes de gouvernance dépendent du régime de la subsidiarité. Ce qui semble bénéfique à davantage de démocratie directe... et moins bénéfique concernant les sujets de violence qui relèvent de l’ordre du privé, de l’intime.

L’état fédéral suisse ne veut rien savoir, ni rien entendre à ce sujet. Ce qui a pour conséquence de reléguer le traitement des violences à la sphère familiale, au noyau nucléaire le plus élémentaire. Cet élément n’est pas sans être de second ordre face aux sujets explorés durant cette journée. Je prends conscience de manière plus accrue encore de l’urgence de dés-isoler les personnes qui subissent des violence de genre et de mettre la justice sociale au cœur des conversations publiques.

Nous sommes invité·es à nous questionner sur une question usuellement entendue : « Pourquoi vous ne partez pas ? », alors que vous savez que c’est une relation violente. Pourquoi vous ne le quittez pas ? ». C’est en effet une question souvent présente lors de l’accompagnement de femmes souffrant de violences qu’on dit d’ailleurs domestiques...

  • Comment l’approche narrative se positionne vis-à-vis de cela ?

  • Et d’ailleurs, peut-on supposer que c’est toujours une bonne idée qu’une femme quitte son couple ?

  • Mais au fait, qu’est-ce que la violence finalement ? Avons-nous une définition commune sur laquelle tout le monde pourrait s’accorder ?

  • Doit-on la cartographier, la circonscrire, la hiérarchiser...

  • Alors, « Pourquoi tu ne le quittes pas ? » ...

  • Quels sont les effets de cette question d’un point de vue d’un regard narratif ?

  • Comment pourrions-nous opérer un basculement de conscience ?

  • Des questionnements narratifs commencent à émerger : Qu’est-ce qui est si important pour toi dans le fait de rester ? Comment il s’y prend pour te retenir ? pour te garder sous son emprise ? ...

Je vis un vertige de la déconstruction. Jusqu’à présent, je n’ai jamais accompagné de femmes venant me voir avec des histoires de violence conjugale. Mais si cela m’arrivait, serais-je capable de retenir ma langue et de ne pas prononcer ce qui semble non narratif ?  Bien sûr, cette question semble naïve et emplie de jugement du point de vue de mon identité narrative. Elle n’intègre pas le contexte socio-économique, politique, ni  la culture ni l’emprise des discours dominants sur la vie de la personne accompagnée et sur ses choix de vie.

Mais je la sens, elle est quand même là, implicite, sous-jacente, pour beaucoup de proches de personnes victimes de violences conjugales. Les parents, enfants, frères et sœurs, ami·es ... Le « Pourquoi tu ne le quittes pas ? » me hante. Cette question que j’ai posée cent fois, mille fois à ma mère avec rage et impuissance mêlée pendant tant d’années.

Et en tant que praticienne, habitée par le fait que la personne accompagnée est l’experte de sa vie et que les solutions viendront de surcroît dès lors qu’elle se reconnecte au fil de sa trame identitaire préférée, jusqu’où irais-je dans la déconstruction de mes propres discours internalisés ? Jusqu’où aurais-je conscience de mes inductions et de mes biais ? Je me reconnecte sans peine à mes valeurs et mes principes : sauver la vie, être du côté des personnes faibles et vulnérables, respecter l’intégrité physique et psychique, user sans relâche de la force lorsqu’elle est à visée protectrice de la vie... 

Tout cela relève de mes filtres de représentation, de mes expériences de vie, de mes prises de position, inspirées par des lois universelles implicites. Jusqu’à quel point puis-je être une praticienne décentrée ? Ces lois impérieuses ne sont-elles pas elles-mêmes porteuses du germe de la violence quand elles contreviennent aux prises de position de la personne que nous accompagnons ?

La pause déjeuner dans la cafétéria de l’université est bien méritée...

Nous continuons la déambulation de la journée par le second et dernier atelier.

Du blâme des mères au rejet de la maternité : comment continuer ?

Nous démarrons notre atelier par une question de déconstruction essentielle :

  • « Pourquoi passe-t-on autant de temps à blâmer les mères ? »

Au cas où vous imagineriez passer à travers les mailles du filet, prenez un moment pour compléter l’amorce suivante : « C’est à cause de ma mère que... »

Intéressant, non ? Ma liste n’est pas vide. Loin de là. Et la vôtre ? Combien de discours normatifs, de croyances continuons-nous à porter sur nos mères, sur le rôle qu’elles ont joué de manière exclusive dans nos constructions identitaires. En avons-nous autant sur nos pères ?

Autant de questions sur la construction des récits dominants portant essentiellement le blâme sur les mères, alimentés par des discours sur ce qu’est une bonne mère, une mauvaise mère...

Des études israéliennes récentes tendent à montrer qu’un enfant se construit à travers au moins quatorze figures d’attachement. Et pourtant le modèle d’attachement du psychologue J. Bowlby continue d’avoir le vent en poupe malgré les regrets qu’il a énoncé à la fin de sa vie quant à la minimisation du rôle du père dans l’attachement de l’enfant.

Qui a relayé cette nuance, qui en a entendu parler parmi vous ? Sur 125 articles psychologiques étudiés par Paula Caplan (autrice de : « Ce n’est pas la faute des mères »), 78 articles recensent une psychopathologie due à la mère, 1 seul article fait mention du père...

Je repars avec la conviction chevillée au corps que les discours ont des effets matériels. Ce ne sont pas que des mots, des phrases, des croyances...Cela se traduit par des faits. En tant que praticienne narrative, il m’est vital de voir comment le langage opère et comment il se traduit par des effets matériels concrets.

Une reprise après la pause, en chanson, accompagné·es par la guitare de Sébastien... Plantons nos pieds nus dans la terre... Cette journée malgré la profondeur des sujets abordés a une tonalité de joie. Les arts et la poésie y contribuent d’autant plus quand ils ont une tonalité politique, la reliance du tissu communautaire tout autant.

La fin de l’après-midi s’est portée sur l’intervention riche et nourrie de Julie Tilsen – thérapeute narrative avec une grande expérience d’accompagnement des jeunes et des jeunes queers. Elle nous partage la puissance des discours dominants dans la construction de leur identité. Des discours empreints d’adultisme, de développementalisme et de professionnalisme à débusquer et déconstruire.

  • Adultisme : les adultes seraient les seules personnes à savoir / cela met de côté les compétences des jeunes.

  • Développementalisme : Il existe dans nos sociétés occidentales une prédominance des théories sur les stades du développement de l’enfant, par étape successive. Des idées très imposées et internalisés par les jeunes eux-mêmes. Ce qui supposerait une incapacité de maturité et de compétences de leur part en lien avec un développement par étapes.

  • Professionnalisme : Il existe des manières codifiées, construites par le monde des adultes pour entrer en relation avec les jeunes et qui seraient différentes de la manière dont les jeunes aimeraient qu’on entre en contact avec eux. Ce qui entraîne l’imposition d’un canevas moraliste par les professionnels de l’aide sur ce qui est admis ou non dans la manière d’entrer en contact avec les jeunes.

Concrètement, il nous est fortement recommandé de laisser les jeunes prendre le lead quel que soit le rôle que nous occupons (mère, père, soutien familial, figure d’attachement, accompagnant·e ...) -  sans les abandonner - ils n’ont pas les mêmes ressources que les adultes, ni accès aux sources de pouvoir.

Elle nous incite à renouveler nos manières de faire, à déprivatiser nos pratiques, à les réimaginer et les tourner autant que possible vers des pratiques collectives. La pratique individuelle a pour risque une individualisation de nos accompagnements, finalité de la rencontre du néolibéralisme et du fascisme. Il nous est recommandé littéralement et métaphoriquement d’ouvrir nos portes afin d’éviter de reconduire la privatisation de nos activités avec une importance d’être de et dans les communautés.  

Après une documentation poétique de toute beauté (clin d’œil cinématographique d’une grande exigence), portée magistralement par Jeanne transformée en clown, suit un nouvel ancrage... bercée en arrière-plan de mon esprit par la musique de plantons nos pieds nus dans la terre...

Une participante en zoom nous raconte l’histoire de deux petits poissons qui nagent dans la mer. Ils rencontrent un vieu poisson qui leur demande « comment est l’eau ? ». Les deux poissons continuent à nager en se regardant. L’un deux dit : « c’est quoi l’eau ? ».

C’est quoi l’eau ? C’est quoi la mer(e) ? En tout cas, dans cette journée, j’ai rencontré des mer-veilleurs et des mer-veilleuses de rugosité – cela ne pouvait donner que des merveillosités...

Je me suis sentie comme un poisson dans l’eau. Indéfinissable, tantôt chaude et cotonneuse, tantôt froide et agitée. Cela reste pourtant la même mer. Merci au collectif, merci Charlie. Je me souviendrai longtemps de ton regard profond, sincère, doux, radical et malicieux. Il m’accompagne depuis.

 

Et âpre et ?

« Comment es-tu tombé·e en amour de la narrative ? ».

Je dirai que c’est grâce aux rencontres, avec des vraies gens, autour de vraies conversations, celles qui comptent, celles qui façonnent et aiguisent le regard, celles qui décoiffent, déstructurent, brassent, chamaillent, remuent, celles qui dignifient et verticalisent, celles qui donnent du sens en tant que direction et signification. C’est comme ça que je suis tombée en amour de la narrative.

J’aimerais tout particulièrement rendre un hommage à toutes les personnes que j’ai rencontrées lors de cette journée de reliance et qui font désormais partie de mon club de vie.  Merci à toutes les rencontres qui ont jalonné mon voyage narratif des dernières années et qui ont été les porteur·es d’espoirs qui ont germé dans mon cœur en 2016.

A la Fabrique, Alex, Jeanne, Olivier, Sandrine, Catherine, Elizabeth, Pascale. Que notre pas commun, qu’il soit divergent,  militant, rassemblant, dissident, intransigeant, exigeant, pacifiant, réconciliant, nuançant, soit l’espace de création d’une communauté diverse et unie. Faire communitas...

Enfin, toi, à mon tour de te poser la question : comment es-tu tombé·e en amour de la narrative ?

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