Prendre la plume avec dignité et s’y abandonner, les paroles Hip-Hop comme moyen de re-authoring et de changement thérapeutique - par Travis Heath et Paulo Arroyo
Cet article est paru en anglais dans le n°3 (2014) de l’International Journal of Narrative Therapy and Community Work du Dulwich Centre. Travis a donné son accord pour une traduction en français à Catherine Mengelle en 2024 et c’est Océane Cornevin qui s’en est magistralement chargée. Nous espérons que vous prendrez plaisir à cette découverte.
Traduction française : Océane Cornevin - Temps de lecture indicatif : 20 min
Travis Heath est psychologue. Il exerce à Los Angeles, en Californie, et à Denver, dans le Colorado, aux États-Unis, depuis 2003. Une grande partie de son travail se concentre sur les populations défavorisées. Lorsqu'il n'est pas en train de travailler avec des clients ou de lire/écrire sur des approches innovantes pour mener des conversations thérapeutiques, on peut le trouver en salle de classe avec ses étudiants de l'Université métropolitaine d’Etat de Denver. On peut aussi lui écrire à cette adresse e-mail : travismheath@msn.com.
Paulo Arroyo est né à Newark, dans le New Jersey, aux États-Unis, où il s’est retrouvé immergé depuis tout petit dans la culture hip-hop et la musique rap. Il déménage avec sa famille en Californie au début des années 90, ce qui lui a permis d'adopter deux styles de musique rap distincts. C'est également en Californie qu'il commence à écrire et à enregistrer sa propre musique, ce qu'il continue de faire aujourd'hui. Il est actuellement inscrit à l'Université métropolitaine d’État de Denver, avec l'intention de poursuivre une carrière en psychologie en utilisant la musique rap comme moyen de changement thérapeutique. Il peut être contacté à l’adresse e-mail suivante : psarroyo09@aol.com.
Résumé
Cet article documente l'utilisation de la culture hip-hop et de la musique rap comme vecteur de changement dans le contexte de la thérapie narrative. Il explore comment les paroles de rap peuvent donner une voix à une population qui en est souvent privée. De plus, il remet en question les récits dominants sur la musique hip-hop comme un genre exclusivement misogyne, irresponsable, dénigrant et agressif. Y est développé un cadre d'utilisation des paroles de hip-hop pour aider dans des processus narratifs clés, tels que la déconstruction de l’histoire du problème, les exceptions, la circulation du nouveau récit et le re-membering. Enfin, l'un des auteurs partage sa propre expérience de la musique hip-hop comme outil de changement.
Mots-clés : hip-hop, musique rap, thérapie narrative, déconstruction de l’histoire du problème, points de résistance, exceptions, circulation du nouveau récit, re-membering, cérémonie définitionnelle
Ce lien vous permet d’accéder à la version originale de l’article sur le site du Dulwich Center
Introduction
« Ma vie est tout ce que j'ai, ma rime, mon stylo, mon carnet / Et j’ai traversé les moments difficiles, ne me juge pas / Parce que ce que tu dis maintenant / Ne me fera pas bouger… / J'ai traversé la douleur et le conflit / C'est mon moment maintenant, mon monde, ma vie. »
- Ma vie de Styles P et Pharoahe Monche.
Au cours de la dernière décennie, j'ai (Travis) travaillé avec des centaines de jeunes marginalisés à Los Angeles et à Denver, aux États-Unis. La plupart de ces jeunes étaient impliqués dans des gangs de rue où la menace et la violence sont lot courant. J'ai rencontré ce type de travail pour la première fois il y a une décennie. Il est rapidement devenu évident que les praticiens qui suivaient ces jeunes adoptaient des méthodes de travail ‘traditionnelles’. Bien que leurs intentions soient pures la plupart du temps, leur travail maintenait une distance culturelle et était en très grande partie inefficace. Cela a conduit beaucoup de mes collègues à une forme de désespoir jusqu’à tenir des propos tels que : « Ces jeunes ne sont pas de bons sujets pour la thérapie. »
Ce sentiment de désespoir général a généré une raison d’être et un feu à l’intérieur de moi. Je refusais que ces jeunes soient laissés pour compte ou catégorisés comme ne pouvant pas bénéficier du processus des conversations thérapeutiques. Voir des jeunes se faire cataloguer et finir morts ou en prison n'était pas une option pour moi, bien que ces risques restent présents au quotidien dans ce travail.
Mon objectif initial était simplement de créer une connexion qui aurait un sens. J'ai rapidement découvert que la musique servait d'outil de communication puissant. La culture hip-hop et la musique rap offrent une voix à une population qui s’en voit rarement accorder une par les catégories les plus puissantes de la société. La musique de ces artistes populaires aide les adolescents à comprendre leurs propres histoires et ce qui se joue autour des récits que l’on raconte à leur sujet. Ces chansons expriment par procuration bon nombre des luttes que traversent les jeunes avec qui je travaille. Le pouvoir de la musique rap réside dans le fait qu'elle est un médium culturellement pertinent, dont les jeunes avec qui nous travaillons sont déjà familiers. Elle sert comme témoignage ou histoire de leur expérience avant toute conversation thérapeutique. Rapper à propos de ses expériences est quelque chose de naturel et de culturellement proche quand en parler leur semble souvent lointain.
Ce document explore les façons dont la musique hip-hop peut être utilisée pour créer une forme unique de pratique narrative mettant en évidence des concepts clés tels que l’idée de redevenir auteur (re-authoring), la pratique du re-remembering et la circulation du nouveau récit (White, 2007). En plus d’une exploration théorique et dans l’intention de donner vie à ce travail et d’illustrer les succès et les défis rencontrés, nous présentons des études de cas. Ces études de cas sont des récits composites, typiques des histoires racontées au quotidien, plutôt que des histoires individuelles spécifiques. Cela a été fait intentionnellement et jugé nécessaire par la communauté pour garantir la confidentialité et la sécurité de chacun. Veuillez également noter qu'à ce jour, notre travail a été réalisé exclusivement avec des jeunes hommes. Étendre la portée de ce travail à tous les genres représente une possibilité passionnante pour l'avenir.
Hip-hop : une histoire dominante
‘Le hip-hop est la représentation de cette culture opprimée.’
~ KRS-One, (Spirer, 1997)
La musique hip-hop est souvent perçue par la culture dominante comme une forme d'expression violente et dangereuse. Misogyne, irresponsable, dénigrante, agressive et non-américaine, voici quelques-uns des termes fréquemment utilisés pour la décrire. Ces descriptions dominantes sont extrêmement puissantes dans la mesure où les histoires racontées à propos de la musique hip-hop en sont venues à représenter la culture hip-hop dans son ensemble et par conséquent, à représenter les jeunes qui font partie de cette culture.
Fried (1996) a découvert un biais racial dans la manière dont les personnes jugent les paroles de rap. Dans son étude, elle a pris les mêmes paroles et les a présentées sous la forme d’un morceau de rap interprété par un artiste noir, puis sous celle d’un morceau de folk interprété par un artiste blanc. Lorsque les participants ont écouté les paroles en pensant que c’était du rap, « les sujets ont trouvé les paroles répréhensibles … [et] soutenaient une forme de régulation gouvernementale. Si le même passage lyrique était présenté sous forme de musique country ou folk … les réactions étaient à tous égards significativement moins critiques » (p. 2135). Cette étude aide à démontrer que le contenu hip-hop fait souvent l’objet de préjugés négatifs de la part des gens élevés dans des savoirs plus dominants.
C’est vrai que certaines paroles de hip-hop sont très directes quand elles retracent la lutte des personnes qu'elles représentent. Une partie de cette honnêteté inclut de la rage contre l'injustice. Mais la musique rap n'est pas différente de tout autre moyen d'expression en ce sens qu'elle peut être utilisée comme un vecteur pour raconter pratiquement n'importe quelle histoire. De plus, le fait que les paroles soient directes et expriment parfois de la colère ne signifie pas que cette musique représente une menace. Bien qu'il existe des exemples de hip-hop qui soient hostiles ou misogynes, cela ne signifie pas que le médium en lui-même le soit. Au contraire, ce que nous avons eu la chance d'apprendre des jeunes avec qui nous travaillons, c'est que la musique rap peut être un outil puissant pour le changement thérapeutique et même social.
Une introduction à la musique hip-hop comme outil en thérapie narrative
Un certain nombre de travaux ont démontré l’efficacité de la musique dans la thérapie narrative (Denborough, 2002 ; Hegarty, 2009 ; Wever, 2009). Notre travail s’est appuyé sur ces idées. Des recherches plus limitées ont étudié comment la musique rap, spécifiquement, pouvait être utile dans un cadre thérapeutique (Elligan, 2004 ; Kobin & Tyson, 2006). Ce qui rend notre travail unique, c'est l'utilisation de la culture hip-hop et de la musique rap en combinaison avec la thérapie narrative, puisque la musique rap sert spécifiquement de voix collective pour les sans-voix dans de nombreuses zones économiquement défavorisées des États-Unis.
Kobin et Tyson (2006) ont noté que la musique rap pouvait aider les jeunes à se connaître eux-mêmes et à prendre conscience de leur capacité à surmonter les difficultés, tout en transposant ces histoires dans un médium qui sonne plus victorieux que morose. Notre travail a produit des résultats similaires et a permis de démontrer comment la musique rap pouvait créer un pouvoir d’agir favorisant la résilience, en particulier chez les jeunes afro-américains et latinos.
Quand un thérapeute est familiarisé avec les normes de la culture hip-hop, il peut facilement établir un premier contact avec les jeunes. La norme honneur/authenticité est particulièrement importante. Dans de nombreuses chansons de rap, les rappeurs déclarent leur dévotion indéfectible à « rester soi-même » et « n’avoir qu’une parole ». Ce sens de l'honnêteté et de la sincérité est une force motrice qui sous-tend la solidarité à laquelle de nombreux membres de la culture hip-hop s'identifient. Cela est logique lorsqu'on considère deux points : la culture hip-hop est un mouvement de jeunesse (Pough, 2004) et l'environnement extérieur d'où le hip-hop est originaire et d'où proviennent de nombreux membres de cette culture est ravagé par la pauvreté, créant un besoin de se solidariser avec d'autres membres (Ogbar, 2007).
Notons aussi que les jeunes n'ont pas besoin d'être musiciens pour participer à ce travail. S'ils le sont, c'est certainement une compétence qui sera sollicitée mais ce n'est pas un pré-requis. Avec la prolifération relativement récente des lecteurs MP3 et des smartphones, la plupart des jeunes aux États-Unis disposent d’une bibliothèque musicale étendue à portée de main. Ces mêmes jeunes emportent cette technologie presque partout avec eux. Il n'est pas rare qu'un jeune arrive à sa première conversation thérapeutique avec des écouteurs pendus aux oreilles. Cela peut servir de premier point de contact dans le travail. Le simple fait de s’enquérir de ce qu'il écoute, d'un ton curieux et sincère, peut apporter de vrais bénéfices au travail à long terme. Cela introduit la musique comme une routine à chaque rencontre.
Déconstruire l'histoire du problème
Il est rare qu’on écoute une musique par hasard. Les jeunes ont des histoires à propos de la musique qu'ils consomment. De plus, les paroles représentent souvent une histoire parallèle à celle qu'ils peuvent vivre, ce qui crée une opportunité de traiter l'histoire du problème qui tente de dominer leur vie.
Prenons, par exemple, une histoire trop banale que nous entendons dans les communautés que nous servons. Un jeune avec lequel l'auteur a travaillé (nous l'appellerons Marcus), qui n'a jamais connu son père et qui vit avec sa mère, sa grand-mère et trois frères et sœurs restants, est orienté en thérapie. Il a été témoin de la mort de son frère aîné, tué par balles, et a perdu plusieurs de ses amis à cause de la violence armée. Malgré tous les traumatismes évidents que Marcus a subis, la raison donnée pour la thérapie est un « comportement agressif » à l'école et le soupçon qu'il « vende de la drogue ».
Dans un cas comme celui de Marcus, lui demander le genre de musique qu'il écoute peut ouvrir une porte importante lui permettant de révéler comment il appréhende le monde. C'est aussi quelque chose qui, lorsque c’est fait avec tact, peut aider à établir une relation de confiance et à réduire la méfiance. La musique rap peut représenter une chronologie de la vie et de l'histoire d'une personne à différents moments. Avec Marcus, elle a servi de point de départ fructueux pour déconstruire l'histoire du problème d’une manière à la fois sécurisée et naturelle pour ce contexte.
Marcus s'est reconnu dans ce passage de l'artiste Tupac, un rappeur avec lequel beaucoup de nos clients se sont également fortement identifiés au fil des années :
Mercy is for the weak when I speak I scream
Afraid to sleep; I’m havin’ crazy dreams
Vivid pictures of my enemies, family times
God forgive me cause I know it’s wrong but I plan to die
Either take me in heaven and understand I was a G’
Did the best I could, raised in insanity
Or send me to hell cause I ain’t beggin’ for my life
Ain’t nothin’ worse than this cursed-ass hopeless life;
I’m troublesome
***
La pitié c'est pour les faibles, moi, quand je parle, je crie
J'ai peur de dormir, je fais des rêves de fou
Images fortes de mes ennemis et de moments avec la famille
Dieu me pardonne car je sais que c’est mal mais je veux mourir
Tu as le choix, emporte-moi au paradis et comprend pourquoi j'étais un gangster
J'ai fait tout mon possible, ayant été élevé dans la folie
Ou expédie moi en enfer car je ne mendie pas pour ma vie
Il n'y a rien de pire que cette maudite vie de merde sans espoir
Je suis un être à problèmes
Les paroles prennent 30 secondes à écouter mais révèlent un contenu digne d’une conversation thérapeutique. Les éléments de traumatisme et de perte sont clairement indiqués dans le passage et correspondent aux expériences de vie de Marcus. La menace de la mort est une présence constante, tout comme le chaos qui fait partie de la vie quotidienne. La nature totalisante du problème apparaît évidente lorsque la vie est considérée comme désespérée. Peut-être que les mots les plus percutants sont les derniers : « Je suis un être à problèmes ». Ces quatre mots deviennent une étiquette omniprésente qui définit ce que Marcus croit être à ce moment-là.
Plutôt que de commencer le processus thérapeutique en posant des questions sur l’histoire du problème, ce qui, dans ce contexte, se serait révélé une tactique peu efficace, la musique nous permet d'explorer l'histoire du problème d'une manière culturellement proche et qui, comme les personnes nous l’ont dit rétrospectivement, « ne fait pas penser à de la thérapie ». De plus, l'utilisation de la musique comme outil lors des premières sessions permet aux jeunes de se sentir plus à l'aise pour s'exprimer pendant les conversations.
Points de résistance / Moments d’exception
L'objectif de ce travail est de faire de la musique l’élément central du processus de changement. Là où les conversations thérapeutiques plus traditionnelles interviennent toujours plus ou moins à chaque séance, la musique est utilisée pour initier l'interaction. Souvent, nous commençons chaque séance en discutant simplement de ce que le jeune écoute ce jour-là ou d'une nouvelle chanson favorite qu’il a écoutée tout au long de la semaine. Le fait de garder une trace des paroles ayant une résonance particulière à un moment donné s'est avéré primordial. Nous y sommes parvenus par des moyens différents. Parfois, les personnes choisissent de tenir un journal musical, comme Paulo le montre plus loin dans l’article. Cela peut aussi prendre la forme de l’écriture par le thérapeute des passages que le jeune considère comme importants. Quelle que soit la forme, nous avons trouvé qu’il était impératif de s'assurer qu'une trace soit conservée. Cela va s’avérer important pour le travail de re-authoring décrit dans la section suivante.
Il convient également de noter qu’une grande partie du travail que nous réalisons en collaboration avec ces jeunes s’inscrit par nature dans le long terme. Établir au moins une relation sincère et attentionnée à long terme s'est avéré d'une importance capitale pour créer de la résilience chez les jeunes en très grande difficulté (Werner, 1989). Bien que l'efficacité des pratiques narratives à court terme ait été bien documentée, une approche plus longue, lorsqu'elle est possible, se révèle être importante dans ce contexte.
À mesure que le travail progresse, on observe que l’histoire du problème se délie dans les textes de chansons préférés du jeune. Cela commence souvent par un changement subtil dont on n’est pas forcément conscient. Cependant, avec le temps, les changements deviennent plus évidents. Attirer l'attention du jeune sur ces changements est un moyen tangible pour l'aider à prendre conscience du passage d’une identité problème à une identité préférée. Il est important que le thérapeute soit toujours à l'affût de contre-histoires, ou d'histoires allant à l'encontre de ce que le jeune en est venu à croire de lui-même comme étant un problème.
Par exemple, voici des paroles avec lesquelles Marcus s'est identifié à mesure que son parcours thérapeutique progressait. Elles sont de Lupe Fiasco, un autre artiste vers lequel beaucoup des jeunes avec qui nous travaillons se sentent attirés :
So no matter what you been through
no matter what you into
no matter what you see when you look
outside your window
brown grass or green grass
picket fence or barbed wire
Never ever put them down
you just lift your arms higher
raise em till’ your arms tired
Let ‘em know you’re there
That you struggling and survivin’ that you gonna persevere
Yeah, ain’t no body leaving, no body goin’ home
even if they turn the lights out the show is goin’ on!
***
Donc peu importe ce que tu as traversé,
peu importe ce dans quoi tu es impliqué
peu importe ce que tu vois quand tu regardes
dehors par ta fenêtre
herbe brune ou herbe verte
clôture en bois ou barbelés,
ne les baisse jamais,
lève juste les bras plus haut
lève-les jusqu’à ce que tu sois fatigué
Fais-leur savoir que tu es là
Que tu luttes et que tu survies, que tu vas persévérer,
Ouais, personne ne part, personne ne rentre chez soi,
Même s’ils éteignent les lumières, la fête continue
Comparez ces paroles avec celles pour lesquelles Marcus s'était reconnu quelques mois plus tôt. Le ton est bien différent. Dans le passage le plus récent, l'adversité est toujours présente, mais un esprit de persévérance l’en inonde. Comme mentionné précédemment, attirer l'attention d'une personne sur ces changements et ouvrir une conversation à ce sujet est bénéfique. Souvent, les jeunes sont surpris par ce changement, mais le constater les aide à renforcer une identité distincte de celle du problème.
Les questions qui se sont avérées utiles pour susciter plus de moments d’exception sont les suivantes :
Quelles sont les vers spécifiques de cette chanson qui te parlent le plus ? Pourquoi ?
Qu’est-ce que ces vers expriment à propos de toi et de ta vie que certaines personnes manquent ou échouent à voir en toi ?
Qu’est-ce que ces vers t'aident à voir que [le problème] peut parfois t’empêcher de voir ?
Qu’est-ce que ces vers expriment à propos de ton quartier que certaines personnes manquent ou refusent de voir ?
De quelle manière ces vers t'aident-ils à voir des possibilités pour l'avenir que tu ne voyais pas toujours ?
Si ces vers étaient appliqués à ta vie, quel impact penses-tu qu’ils auraient sur ton futur ? Est-ce qu’ils te guideraient vers une version de toi-même que tu préfèrerais ou pas ?
Redevenir auteur de son récit (re-authoring)
L'objectif principal de ce travail est d'aider les personnes à faire l’expérience d’un changement d'identité. Les encourager simplement à penser différemment ou leur enseigner des compétences d'adaptation est rarement suffisant dans ce contexte. Si un jeune comme Marcus croit encore fondamentalement qu'il est un être humain imparfait vivant dans un monde sans espoir, ces compétences n'offriront qu'un soulagement de courte durée. Cependant, s'il commence à adopter une identité plus appréciée, il fera plus que de simplement apprendre des compétences pour faire face au monde qui l'entoure. Il modifiera la perception de ce qu'il croit être. Nous pensons que faire cette distinction est essentiel pour comprendre ce travail.
Le processus de re-authoring dans notre travail commence souvent par un regard sur le journal musical mentionné dans la section précédente. Puisque chacune des entrées est datée, l'évolution de la compréhension de soi à travers la musique peut être explorée. Souvent, les jeunes impliqués dans le travail (et parfois les thérapeutes) oublient à quel point les paroles ont pu changer. Cela peut ouvrir des conversations très intéressantes autour du changement d'identité.
Parfois, certaines personnes choisissent une seule chanson pour représenter le changement d'identité qui a eu lieu, mais ce n'est pas nécessairement le cas. D'autres jeunes créent une nouvelle « playlist » identitaire avec une sélection de chansons qui soutiennent leurs nouvelles identités préférées. Pour les rappeurs qui font ce travail, écrire leur propre chanson sur leur nouvelle identité peut être transformateur. Il peut être tout aussi bénéfique pour une personne qui ne se considère pas comme rappeuse de s’essayer à créer un couplet, car ce processus lui-même peut parfois être l'impulsion d'un changement d'identité.
Par exemple, considérons un passage d'une chanson qui a été intitulée « Je vois la lumière » comme déclaration de la nouvelle identité de Marcus :
Yet and still regardless of the obstacles diverting me
destiny presses me to overcome the adversity…
Determination, urgency, dedication and strategy
Implement them all and it equals the greatest of mastery
I see the light from the end of the tunnel
so I work hard to put an end to the struggle
I see the light and it’s approaching so fast
so ready to takeoff and arrive with no bags
Crash!
***
Pourtant et toujours, malgré les obstacles qui me détournent,
le destin me pousse à surmonter l'adversité ...
Détermination, urgence, dévouement et stratégie
Applique-les tous et tu obtiens la plus grande maîtrise.
Je vois la lumière au bout du tunnel
donc je travaille dur pour mettre fin à la lutte
Je vois la lumière et elle se rapproche si vite
donc sois prêt à décoller et à arriver sans bagages.
Crash !
Ces paroles font une déclaration limpide des qualités inhérentes à la nouvelle identité de la personne, des qualités qui étaient enfouies sous l'histoire du problème au début de ce travail. De plus, il y a la vision d'une lumière au bout du tunnel, mais aussi une peur relative à la vitesse à laquelle le changement se produit. Le vers sur l'arrivée « sans bagages » fait spécifiquement référence à la peur de savoir si oui ou non, il est assez bien équipé pour faire face à sa réalité excitante et optimiste, mais aussi très nouvelle et différente.
De la même manière qu’on écrit une lettre pour soutenir la nouvelle identité d'une personne en thérapie narrative traditionnelle, c’est une chanson, ou un ensemble de chansons, qui sert cette fonction dans notre travail. Nous avons trouvé utile que les personnes ne se contentent pas d'écrire une chanson mais qu'ils la performent et l'enregistrent. L'avènement des technologies d'enregistrement sur ordinateurs portables et tablettes nous a permis de transformer un bureau en un studio d'enregistrement improvisé. Le processus créatif de passer d'une chanson tirée d’une idée dans sa tête à un enregistrement réel s'est révélé bénéfique pour bon nombre des jeunes avec qui nous travaillons et a permis de renforcer une nouvelle fois la nouvelle identité préférée de la personne.
Les questions que nous avons trouvés utiles pour faciliter cette étape du processus sont les suivantes :
Qu’est-ce que cette chanson que vous avez créée vous dit sur vous-même ?
Que vous dit-elle sur celui/celle que vous souhaitez devenir ?
Qu’est-ce que le fait de la créer vous a appris sur vous-même que vous n’auriez peut-être pas su autrement ?
Circulation de la nouvelle histoire / Re-membering
Peut-être que l'un des aspects les plus gratifiants de ce travail a été de faciliter l'opportunité pour les jeunes de partager avec les autres la musique qu'ils ont créée ou identifiée comme étant au cœur de qui ils sont. La musique a fourni un moyen pratique de diffuser la nouvelle histoire et cela peut être accomplie de différentes manières. Une cérémonie définitionnelle (Myerhoff, 1986) peut être organisée avec les membres de la famille du jeune, ses amis et d'autres membres de la communauté. Nous avons trouvé que ces rencontres étaient particulièrement transformatives au fil des années.
Les questions fréquemment posées à ce stade sont :
Y a-t-il d'autres personnes dans votre famille ou votre quartier avec qui vous souhaiteriez partager cette chanson ?
Qui serait le plus enthousiaste à l'idée de l'entendre ?
Qu'apprécieraient-ils le plus et pourquoi ?
Les parents, grands-parents et autres proches ont remarqué qu'ils avaient souvent du mal à parler avec le jeune, et ce dernier ressent souvent la même chose. Cependant, comme cela a été le cas avec Marcus et sa famille, la musique a permis de briser certains de ces murs. Il semble que cela contribue à désarmer les tendances défensives et à créer un environnement où tout le monde s’écoute et cherche à se comprendre. Au lieu d'interrompre le jeune comme cela arrive souvent au cours des discussions, les personnes présentes manifestent un grand respect pendant la cérémonie. De nombreuses larmes sont versées par tous les participants lors de ces rencontres quand la communauté se met à soutenir les nouvelles identités des jeunes.
Un autre format que nous avons utilisé pour faciliter le processus de re-membering (White, 2007) consiste à réunir un groupe de jeunes pour partager entre eux leurs nouvelles identités préférées à travers la musique. Cela crée une forme de soutien inestimable entre pairs concernant ces identités préférées, souvent très différent du type de soutien apporté par les membres de la famille.
Le fait que tous les participants de ces groupes aient traversé des expériences de vie similaires et, plus récemment, des relations similaires avec la musique rap, crée un certain niveau de compréhension, de respect et d'empathie qui contribue à produire un environnement unique pour aider à se développer.
Réflexions du co-auteur
Le co-auteur Paulo Arroyo est un artiste hip-hop qui a depuis longtemps compris le potentiel des effets thérapeutiques de la musique rap, et ce avant même que ce travail ne soit commencé. Tout en préparant cet article, au cours des deux dernières années, il a cartographié les influences de la musique hip-hop sur son identité en revenant sur son journal musical et a, de manière fortuite, créé une nouvelle chanson alors qu’il tentait d’appréhender les circonstances actuelles de sa vie apparues au cours de cette écriture. Ce qui suit sont ses réflexions, dont des paroles originales de ses chansons, qui aident à illustrer le pouvoir thérapeutique de la musique hip-hop.
Les gens de l'Université métropolitaine de l’Etat de Denver, et en particulier dans mon domaine d'études, m'ont souvent demandé pourquoi j'avais commencé l'université si tard ; je m’étais inscrit à Metro quand j'avais 26 ans. Je leur répondais honnêtement que j'étais rappeur. Mes collègues étaient surpris d'entendre cela étant donné le fait que je ne suis pas noir, et que même si ma famille avait des origines sud-américaines (et les Latinos ont une influence sur la culture hip-hop et la musique rap), je ne ressemblais pas à un Latino. Les gens sont souvent surpris d'apprendre que je suis Péruvien-Américain et encore plus que je suis un rappeur. Si l'on regarde des photos de mon groupe de l'époque, il est évident que je sors du lot. Cependant, mon groupe, composé de personnes venant de quartiers défavorisés, m'a toujours considéré comme l'un des leurs, car nous avions affronté ensemble beaucoup des mêmes démons au fil des années, allant de l'éducation autoritaire à l'abus d'alcool, en passant par des échecs dans les relations amoureuses et des parents séparés. Mes parents se sont remis ensemble, mais il y avait toujours des disputes et des colères alcoolisées au milieu de la nuit.
J'ai la chance d'avoir été immergé dans la culture hip-hop depuis aussi longtemps que je me souvienne. J'avais des proches qui s’exprimaient à travers le break-dance et l'art du graffiti. Le rap a été la forme que j’ai choisie pour exprimer le hip-hop et cela a commencé en 1994. Dans le texte qui suit, je vais partager un certain nombre de paroles que j'ai écrites au fil des années. Ce que j'essaie de communiquer au lecteur, c'est que, si l'on prête attention à certains textes, ils offrent un océan d'informations sur ce que ressentent réellement les jeunes et ce qu'ils traversent.
« ... analyser mon propre texte et voir mes paroles comme des portes vers les confins de la vie de chaque emcee (autre terme pour rappeur) ... » (Arroyo, 2014)
Depuis l'âge de treize ans, la quantité de musique que j'ai enregistrée, ainsi que les nombreux carnets que j'ai remplis de mes pensées et de mes sentiments, et la multitude de spectateurs qui sont venus m'écouter rapper, m'ont permis d'externaliser mes problèmes. Lorsque j'étais enfant, il m'était difficile de communiquer avec mes parents, mes enseignants, etc. En 6e, j'ai emprunté Dear Mr. Henshaw (Cleary, 2000) à la bibliothèque de l'école. L'histoire raconte celle d'un garçon qui écrit des lettres à son auteur préféré. Réalisant que c'est une approche efficace pour exprimer ses sentiments concernant le divorce de ses parents, l’arrivée dans une nouvelle école, et un voleur de paniers-repas, il suit les conseils de M. Henshaw et commence à écrire un journal au lieu de lui envoyer des lettres presque chaque semaine. J'ai décidé d'imiter cela en écrivant des paroles, et tout au long de ma vie, cette technique m'a bien servi.
« ... je prends la plume avec dignité et je m’y abandonne ... » (Arroyo, 2003)
Au printemps 2002, j'enregistre de la musique avec un autre emcee et vieil ami. Le nom du projet était Marvelous Supreme Beings et l'un des morceaux incluait ces paroles :
« ... j'écris et ils vont critiquer, ouais, au moins je fais quelque chose de ma vie ... » (Arroyo, 2003)
Cette ligne était adressée à ma famille. Pendant mon adolescence, il m'était difficile d'apprécier ce genre de musique, principalement à cause de mes parents qui adhéraient aux représentations négatives du rap tel qu’il était présenté dans les médias. J'ai mentionné que je m’étais inscrit à l'université sur le tard, mais pendant la période qui précède, je n’ai commis aucun acte illégal sérieux et je travaillais à plein temps. Cette démarche de poursuivre une carrière autour de ma profonde passion pour le rap était soutenue mais critiquée. Malgré tout, cet album a été enregistré pendant une période idéaliste et positive de ma vie. J'avais 21 ans et tout l'avenir devant moi.
Quatre ans plus tard, j'enregistrais un nouvel album, Superman Is Dead, qui était nettement plus sombre et avait un ton plus désespéré :
« ... parce que je révèle chaque centimètre de mon cœur et pourtant, je me sens toujours comme laissé pour compte au point de départ ... » (Arroyo, 2006)
Ayant réalisé que j'avais besoin de quelque chose de plus, j'ai décidé de déménager au Colorado pour être avec ma petite amie et aller à l'université à temps plein. Puis, après dix merveilleuses années ensemble, nous avons décidé de nous séparer. Depuis mon déménagement au Colorado, mon alter-ego de rap avait été réprimé et avait tiré sa révérence. En 2013, après la rupture, et dans l'esprit de ce projet avec Travis, j'ai écrit une chanson qui résumait ma vie jusqu'à ce point. Son nom est Deep Reflection. C'est la première fois que j'écrivais depuis presque quatre ans :
« ... ma Reine est partie, alors je rassemble mes troupes sur cet échiquier, plus d'outils signifie de meilleures chances de s'envoler ... » (Arroyo, 2013)
J'avais accepté le fait qu'elle était partie mais j’avais du mal à retrouver des forces après la rupture. En conséquence, je suis retourné du côté de ma vie où je me sentais le plus confiant… quand je faisais du rap :
« ... explore cette pyramide et s'ils demandent qui c'est, le nom est Bolical Jenkins ... » (Arroyo, 2013)
Bolical Jenkins est un des alter-ego de rappeur que j’ai créés, qui projette la confiance, l’aptitude et l’émerveillement. Paulo Arroyo incarne aussi ces qualités, mais à ce moment de ma vie, il a fait appel à Bolical pour ce petit coup de pouce supplémentaire. Je suis reconnaissant de pouvoir me glisser dans la peau de mon alter-ego quand j’en ai besoin :
« ... redécouvre le destin et la force avec le carnet et le stylo... » (Arroyo, 2013)
Il n'y a aucun moyen d'exprimer ce que j'ai ressenti, assis là avec mon carnet de chansons en train d'écrire ce texte récent, Deep Reflection. J'ai réfléchi à mes expériences vécues à neuf ans, à ma première battle de rap, à ma première cuite ; la première fois que j'ai pris le micro devant un océan de personnes ; le premier baiser de ma petite amie et son au-revoir. Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve et je ne prédis pas une fin heureuse. Cependant, je vais vous laisser avec ceci : si la musique rap a pu me servir de vecteur pour me débarrasser de ces messages internalisés qui m'assaillaient, imaginez ce qu'elle pourrait faire pour d'autres jeunes qui s'identifient à la culture hip-hop... et tout cela depuis le bout d’un stylo et d’un carnet.
Réflexions finales
Nous espérons continuer à développer ce travail et trouver des moyens créatifs d'intégrer la musique rap dans les conversations thérapeutiques. Bien que nous ayons rencontré quelques succès, les défis restent immenses. De nombreuses menaces subsistent dans l'environnement quotidien des jeunes avec lesquels nous travaillons. Nous en avons perdu certains à cause de déménagements imprévus, du système de justice pénale et de la violence. De plus, les anciennes idées associant la musique rap à la violence, la misogynie et les agressions restent vives car la culture populaire occidentale met souvent en avant les chansons porteuses de ces thèmes. Malgré ces défis, le travail reste largement énergisant pour tous les participants. Le processus de rencontrer ces jeunes « là où ils en sont » et de se mettre au service d’une population qui a traditionnellement du mal à faire pleinement confiance et à s'engager dans un processus thérapeutique a été particulièrement significatif.
Nous espérons que ce travail continuera de se développer à l'avenir. Le fait d’avoir l'opportunité de le partager avec nos collègues du monde entier est un grand privilège. Nous espérons qu'il inspirera votre travail d'une manière ou d'une autre, même si l'utilisation de la musique ne fait pas partie de votre pratique quotidienne. Nous apprécions également toute tentative d’élaborer à partir des bases théoriques présentées dans cet article, dans le but de concevoir une manière plus affinée d'utiliser la musique rap et les idées narratives pour aider à façonner des identités préférées.
Remerciements
Ce travail est dédié à tous les jeunes qui ont courageusement utilisé la musique rap pour remettre en question et explorer ce qu’ils étaient. Nous sommes également reconnaissants des retours que nous ont donnés Therese Hegarty, Chris Wever et Dzifa Afonu, qui ont contribué à renforcer le langage et les nuances de cet article.
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