Gardons le cap sur la fonction de porte-parole d'un problème social ! Merci David Denborough #2

Une magnifique synthèse des 3 jours par Caroline Tsiang, scribbleuse de choc qui nous a régalé.e.s d'un contrepoint visuel et créatif

Par Martine Compagnon

"Je me souviens soudain que la jeune femme de 24 ans que je rencontre au sujet de son angoisse scolaire, peut être représentative de nombreux.ses jeunes étudiant.e.s peinant à trouver du sens dans un système qui brime leur esprit critique…"

Je l'ai dit dans mon post précédent : j'ai rencontré pour lapremière fois "en direct" David Denborough, lors de la Master Classorganisée à Paris par la Fabrique Narrative. Il a la particularité d'œuvrerauprès de communautés et de personnes qui semblent appartenir à des minorités-au sens de communautés qui ne suivent pas l'une des normes dominantes de leurenvironnement- : personnes incarcérées, sans domicile, aborigènes, femmesvoilées dans une société non musulmane, immigré.es récents, personnes LGBT…

Dans les exemples cités, je comprends parfaitement le liensur lequel insiste David Denborough : en quoi la difficulté rencontrée par unepersonne est-elle représentative d'une difficulté rencontrée par d'autres ? Enquoi le problème soulevé est-il encouragé, généré par une norme, unfonctionnement, une histoire ou un pan d'Histoire qui dépasse le cas individuelde notre interlocuteur ?

Je l'écoute nous narrer l'effet de la colonisation del'Australie par les anglais, et de son histoire familiale, sur le fait que lui,David, ne parle pas français. Je hoche la tête à l'écoute de l'histoiredominante autour de la masculinité (être dominant, être riche, posséder desbiens) qui contribue à la présence de nombreux jeunes dans les prisonsaustraliennes. Un jeune homme aborigène a, selon David, 17 fois plus de risquesd'être incarcéré qu'un autre jeune de son âge. Car il doit posséder des biens pour être un homme. Or, sans revenu….

Mon interlocuteur blanc / privilégié / salarié / étudiant, est aussi à safaçon membre d'une minorité

L'importance de relier la situation de mon interlocuteur àd'autres situations, à d'autres personnes, me saute aux yeux… Je mesure au mêmemoment combien je peux oublier ce fond de normes sociales à l'œuvre, dans lemonde de l'entreprise ou des personnes assez privilégiées pour recourir à uncoaching. Me voici de nouveau focalisée sur l'aptitude de cette personneà faire ceci ou cela dans telle ou telle situation…

Un exemple ?

Cette jeune étudiante qui me rencontre au sujet de sonangoisse scolaire. Et que la Master Class me conduira à interroger, lors duprochain entretien : "pense-t-elleêtre la seule étudiante, autour d'elle et de façon plus générale, à ressentircet effet d'épuisement, d'ennui face à des savoirs qui ne prennent pas encompte l'urgence actuelle et de colère face à des opinions professorales qu'ellene partage pas mais colère silencieuse car ces professeurs ont du pouvoir ? Oubien pense-t-elle que d'autres personnes, femmes ou hommes, autour d'elle, partagentles mêmes sensations ?"

Je pense ouvrir par cette lecture plus large, une pistevisant à déculpabiliser cette jeune femme de ne pas être, elle,  à la hauteur des études qu'on lui paie.

J'espère nous relier à une vision plus large des codes àl'œuvre dans le système éducatif en question… et qui sait, célébrer ses actesde résistance ?

Merci de m'avoir rappelé, David Denborough, que sous leshabits d'une personne intégrée se glisse un humain porte-parole de problèmeplus grands que lui / elle. Travaillant très souvent en entreprise, je garderaiceci à l'esprit pour mes interventions.

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Gardons le cap au service du temps présent ! Merci David Denborough#1